La malpropreté du chat

La malpropreté est une plainte fréquente des propriétaires de chat. « Il urine à côté de sa caisse » ou encore « Il se venge quand je m’absente et fait ses besoins dans mon lit ». La malpropreté concerne plus souvent les urines que les selles et les chats vivant en appartement.

Des conseils simples associés à une phéromonothérapie permettent souvent de régler le problème en quelques jours. Si ces conseils ne suffisent pas, le chat souffre probablement d’un trouble du comportement qu’il convient de traiter par des psychotropes.

Comme pour tout symptôme, il est indispensable de demander aux propriétaires des précisions sur la malpropreté. Urines ou selles ? Depuis quand ? À quelle fréquence ? Où ? Dans quel contexte ?…

Le chat a-t-il déjà été propre ?

Cette question est incontournable. En effet, un chaton est propre dès l’âge d’un mois, mais, même si cela peut sembler précoce, cela nécessite un certain apprentissage. Si un chaton s’est développé dans un environnement souillé (confinement excessif, population nombreuse), si aucune litière ou endroit approprié (terre, sable) n’était à sa disposition ou si sa mère elle-même était malpropre, il n’aura pas appris la propreté. C’est souvent le cas des chats qui urinent sur des linges posés au sol (tapis de bain, par exemple). Le pronostic dans le cas d’un chat n’ayant jamais été propre est assez sombre. Toutefois, il est possible qu’un chat adulte qui n’a jamais appris la propreté devienne propre en imitant l’autre chat de la maison !

À quelle fréquence le chat est-il malpropre ?

La fréquence est importante à apprécier. En effet, un « accident », c’est-à-dire une petite flaque d’urine retrouvée en dehors du bac à litière n’a pas la même signification que des urines retrouvées presque quotidiennement depuis plusieurs semaines. Dans le premier cas, il peut s’agir d’une désorganisation du comportement éliminatoire lors d’un gros stress (déménagement, départ ou retour de vacances, travaux de rénovation…), alors que dans le deuxième cas, la malpropreté peut être le signe d’une anxiété existant depuis plusieurs mois (encadré 1 et 2).

Où les urines sont-elles retrouvées ?

Sur un mur, c’est du marquage urinaire

Une trace d’urine retrouvée sur un support vertical (mur, meubles) constitue un marquage urinaire (spot urinaire). Si l’animal n’est pas stérilisé, il peut s’agir de marquage urinaire d’origine sexuelle. Si au contraire, le chat est stérilisé, c’est un signe de stress lié au territoire, (déménagement, par exemple). On a montré que si plus de 50% de marques faciales disparaissaient (changement de meubles de places, peintures refaites), le chat angoisse et le risque de marquage urinaire est élevé. En prévention et en traitement : la phéromonothérapie ! Du Feliway® permet de remédier à la malpropreté liée à une perturbation du territoire (en diffuseur électrique ou vaporisé chaque jour sur 5 à 6 endroits saillants de chaque pièce).

Au sol, c’est de l’élimination

Des urines retrouvées sur un support horizontal (sol, coussin, canapé, lit, terre des plantes) signent une perturbation du comportement éliminatoire. Il peut s’agir d’un trouble lié au bac à litière (trop souillé, trop près de la nourriture, « inconfortable » …) ou d’un trouble émotionnel (anxiété ou dépression). Quelle que soit l’origine exacte du trouble, plusieurs consignes doivent être respectées (encadré 3).

Quand il s’agit de selles

Il ne semble pas que les selles constituent un marquage chez le chat. Lorsqu’un chat dépose des selles en dehors de sa litière, il s’agit souvent d’une aversion à la litière (phobie suite à un traumatisme alors que le chat était en train de déposer des selles dans la litière). Dans ce cas, on constate que leur chat a peur d’entrer dans la litière, qu’il s’en sauve en courant après avoir gratter sans avoir déféqué, parfois même, il émet des selles dans sa fuite. Évidemment, une litière très souillée peut pousser le chat à faire ses besoins ailleurs. Enfin, certains chats très anxieux ou hyperactifs ont un comportement éliminatoire si désorganisé qu’il dépose leurs selles n’importe où.

Faut-il réprimander le chat ?

Attention, la réprimande chez le chat être anxiogène !

Chez le chat comme chez le chien, il ne faut pas punir après-coup : sur le fait, on peut intervenir, mais une fois le méfait constaté, c’est déjà trop tard… et la punition constitue un stress inutile qui risque d’aggraver le trouble à l’origine de la malpropreté.

Il est évident que si le propriétaire surprend son chat en train d’uriner sur son lit, il criera – on le comprend – et le chat se sauvera de peur… Cela doit s’arrêter là car tout autre comportement punitif serait délétère. Or, il est fréquent que le maître excédé attrape son chat et, fâché, le mette dans le bac à litière « pour lui montrer où il doit faire ». Malheureusement le chat associe le stress de la réprimande avec sa litière, qui devient alors un endroit stressant, ce qui aggrave le trouble en le compliquant d’une aversion acquise à la litière (= phobie à la litière).

Nettoyage des urines

Éviter l’eau de Javel et les produits ammoniaqués car ils fixent l’odeur d’ammoniac qui stimule le comportement éliminatoire du chat. Il faut préférer les produits acides (vinaigre, eau gazeuse, bicarbonate de soude). L’eau gazeuse à l’avantage d’être incolore et inodore : pour le détachage des textiles, c’est idéal.

Les phéromones

Le Feliway® contribue à apaiser le chat, donc diminue le risque de marquage urinaire. Son action apaisante permet de rendre le chat moins anxieux, ce qui contribue à diminuer la malpropreté urinaire d’origine anxieuse.

Les psychotropes

Si la malpropreté perdure alors que les consignes générales (litière, réprimande) ont été respectées et qu’une phéromonothérapie a été mise en place, le chat souffre probablement d’un trouble émotionnel suffisamment sévère pour justifier un traitement psychotrope. Qu’il s’agisse du Clomicalm®, du Selgian® ou de la Fluoxétine®* (plus connue sous le nom de Prozac®*), les psychotropes prescrits lors de malpropreté chez le chat ont tous comme objectif la diminution de l’anxiété. Le prescripteur choisit la molécule la plus adaptée en fonction de comportement du chat. Le traitement doit durer plusieurs mois, souvent au moins 6 mois, sachant que l’amélioration doit être significative dans les deux semaines. La phéromonothérapie peut être poursuivie et les consignes générales doivent toujours être respectées.

Qu’est-ce qu’un chat anxieux ?

L’anxiété est un trouble émotionnel qui se caractérise par une hypervigilance, une dérégulation des autocontrôles et une perte de l’adaptabilité.

  • Le chat sursaute au moindre bruit, au moindre geste, il semble avoir peur de n’importe quoi, il est surpris pour un rien. Ses maîtres le décrivent souvent un chat peureux.
  • Il est bouleversé par lemoindre changement: une modification dans le territoire, la visite d’une personne, le départ d’une autre, des horaires différents… chaque changement peut être à l’origine d’un trouble du comportement.
  • La dérégulation des autocontrôles se traduit par une impulsivité plus grande, le chat passe à l’acte plus vite: il effectue des marquages urinaires plus fréquemment, son comportement éliminatoire est dérégulé ou il agresse plus souvent (comme les chats caressés mordeurs).
  • Dans l’anxiété, les activités substitutives sont plus importantes: un chat anxieux peut ainsi devenir boulimique, il peut se lécher plus souvent une partie du corps ce qui est à l’origine de dermatite de léchage ou d’alopécie extensive féline, d’autres se rongent excessivement les griffes (onychophagie).
  • Les agressions par irritation et par peur sont plus fréquentes ce qui expliquent que les chats agressifs sont généralement des chats anxieux.
  • Enfin, il est possible, comme chez le chien, que les chats anxieux présentent un hyperattachement secondaire. Le chat suit partout l’être auquel il est attaché et souffre quand il en est séparé, au point dans certains cas de déprimer en son absence.

Principales origines de l’anxiété chez le chat

  • Les troubles du développement: le syndrome hypersensibilité-hyperactivité (Hs-Ha), le trouble de l’homéostasie sensorielle, le syndrome de privation sensorielle
  • Une mauvaise distribution de l’alimentation(toujours conseiller des laisser des croquettes à volonté)
  • L’anxiété en milieu clos (le chat vit en appartement après avoir vécu en maison avec jardin)
  • Le syndrome du chat-jouet: le chat est constamment manipulé comme une peluche, généralement par un enfant
  • L’anxiété de cohabitation(quand plusieurs chats n’arrivent pas à cohabiter).

 

Quelques règles concernant la litière

1 – Le bac à litière doit être placé assez loin de la nourriture, dans un endroit calme et toujours accessible pour le chat. Si l’appartement où vit le chat est petit, placer la gamelle en hauteur permet de résoudre le problème de distance par rapport à la litière.

2 – Le type de bac importe peu à condition que le chat l’accepte. Certains chats, plutôt craintifs, ne vont pas oser franchir la petite porte du couvercle, ils vont donc faire ailleurs que dans le bac.

3 – La litière doit être nettoyée régulièrement. Certains chats sont particulièrement intolérants et ne supportent que la litière soit souillée. La nature de la litière est importante : des graviers « de base » conviennent généralement à tous les chats, mais il est bien sûr possible d’utiliser les autres litières disponibles… à partir du moment où le chat les accepte ! En revanche, si le chat est devenu malpropre après que ses maîtres ont changé de marque de gravier, il faut leur conseiller de revenir à la marque précédente.

4 – Il vaut mieux disposer d’autant de litières qu’on possède de chats. Là encore, certains chats sont plus tolérants que d’autres, mais lorsqu’un problème de malpropreté survient dans un groupe de plusieurs chats, il faut conseiller au propriétaire de rajouter une litière.

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